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Histoire des Français. Reliques de Childéric, père de Clovis, découvertes en 1653 - Histoire de France et Patrimoine

La tombe de Childéric, l’un des rois francs du nord-ouest de la Gaule (457-481) et père de Clovis, fut découverte fortuitement le 27 mai 1653 à Tournai près de l’église Saint-Brice. et remarquablement étudiée par l’érudit bisontin Jean-Jacques Chiflet. Outre une bague sigillaire en or portant l’inscription CHILDIRICI REGIS, qui permit l’identification du défunt, la sépulture royale renfermait des insignes de pouvoir germanique et romain, l’ensemble des reliques connaissant dès lors un tumultueux parcours.

ChildĂ©ric I er. fils de MĂ©rovĂ©e et père de Clovis, mourut en 481, Ă  Tournai, sa capitale. Il Ă©tait âgĂ© d’environ quarante-cinq ans. Dès qu’il eut fermĂ© les yeux, on le revĂŞtit de ses vĂŞtements royaux, on l’orna de ses bijoux, on fixa Ă  son ceinturon sa bourse remplie de pièces d’or ; puis, l’ayant couchĂ© dans un coffre de bois garni de ferrures, on disposa ses armes autour de lui. l’Ă©pĂ©e Ă  son cĂ´tĂ© gauche ; la lance, Ă  droite ; la hache, sur la partie infĂ©rieure des jambes. Cela fait, le cheval du dĂ©funt ayant Ă©tĂ© sacrifiĂ©, son cadavre fut jetĂ© dans la fosse qui reçut le cercueil du roi.

Et les siècles passèrent, et l’oubli se fit. Toute trace extĂ©rieure de la sĂ©pulture avait depuis longtemps disparu quand, brusquement, un incident banal mit au jour la dĂ©pouille royale, après douze siècles d’ensevelissement.

Un heureux coup de pioche
Au XVII e siècle, l’Ă©glise Saint-Brice, Ă  Tournai, Ă©tait entourĂ©e de petites constructions qui s’appuyaient sur elle, et qui Ă©taient habitĂ©es par les prĂŞtres attachĂ©s Ă  la paroisse. La demeure du premier vicaire servait en mĂŞme temps d’hospice pour les pauvres du quartier. Or, comme elle tombait en ruines, on rĂ©solut de l’abattre pour la rĂ©Ă©difier sur place.


Garde de l’Ă©pĂ©e de ChildĂ©ric I er

Le 27 mai 1653, Ă  15 heures, un pauvre diable, sourd-muet congĂ©nital, nommĂ© Adrien Quinquin, creusait les fondations de la nouvelle construction ; il Ă©tait arrivĂ© Ă  une profondeur voisine de deux mètres et demi, quand sa pioche ramena, mĂ©langĂ©es Ă  la terre, une boucle en or et une centaine de pièces d’or qui s’Ă©parpillèrent dans la tranchĂ©e. Saisi d’un joyeux Ă©tonnement, le terrassier abandonna ses outils et courut chercher le curĂ© de Saint-Brice, pour lui montrer sa dĂ©couverte.

Le doyen Gilles Patte le suivit aussitôt, accompagné de deux marguilliers de la paroisse, Jean Berlo et Nicaise Roger. Les voisins se rassemblèrent. petites gens, boutiquiers et servantes. La nouvelle de cette intéressante découverte se propageant en ville, on vit bientôt réunies autour de la fosse toutes les autorités de la cité. évêque, doyen du chapitre, chanoines de la cathédrale, etc. sans parler des badauds.

On approfondit les fouilles et on mit au jour tout le contenu de la fosse qui fut rassemblĂ© sur les dĂ©blais (cumulo terrae et sordium ) au milieu desquels brillaient d’innombrables fils d’or. Le curĂ© et le gouverneur se partagèrent le trĂ©sor ; mais nombre de dĂ©bris furent recueillis par des amateurs improvisĂ©s.

Parmi les personnalitĂ©s assistant Ă  la dĂ©couverte, se trouvait le chanoine Jean Chiflet, qui remarqua particulièrement un anneau sigillaire en or sur lequel on lisait l’inscription. CHILDERICI REGIS. Cet anneau donnait Ă  la trouvaille toute sa signification. Chiflet en prit une empreinte et l’envoya Ă  son père, Jacques Chiflet, mĂ©decin (Ă  Anvers) de l’archiduc LĂ©opold-Guillaume qui gouvernait les Pays-Bas au nom du roi d’Espagne, Philippe IV.

L’archiduc comprit aussitĂ´t la valeur inestimable du trĂ©sor et manĹ“uvra assez habilement pour que les autoritĂ©s de Tournai lui en fissent prĂ©sent. En signe de satisfaction, il nomma le premier magistrat de la ville, maĂ®tre Jean de Bargibant, chevalier de ses ordres et fit remettre six doublons d’or au pauvre « trouveur » Adrien Quinquin.

Un médecin archéologue
AussitĂ´t reçu le trĂ©sor de ChildĂ©ric, LĂ©opold-Guillaume le confia Ă  Jacques Chiflet avec mission d’en poursuivre une Ă©tude minutieuse et de faire reproduire par des graveurs rĂ©putĂ©s tous les objets recueillis. Ce mĂ©decin Ă©tait un de ces Ă©rudits encyclopĂ©diques dont l’esprit possède assez de souplesse pour s’adapter sans cesse Ă  des Ă©tudes nouvelles.

NĂ© Ă  Besançon, le 21 janvier 1588, il avait Ă©tudiĂ© la mĂ©decine Ă  DĂ´le, Ă  Paris, Ă  Montpellier et Ă  Pavie. Après avoir beaucoup voyagĂ©, il Ă©tait devenu mĂ©decin de l’archiduchesse Isabelle-Claire-EugĂ©nie, souveraine des Pays-Bas, qui l’avait dĂ©putĂ© en Espagne, au roi Philippe IV. De retour en Flandre, il fut choisi, après la mort de l’archiduchesse, comme premier mĂ©decin du cardinal Ferdinand, puis de l’archiduc LĂ©opold-Guillaume, gouverneurs successifs des Pays-Bas. Lorsqu’il mourut, en 1673, Ă  l’âge de quatre-vingt-cinq ans, Chiflet avait publiĂ© trente-cinq ouvrages. deux en français, les autres en latin, Ă©tudiant La ville de Besançon. L’Iccius portus de CĂ©sar. La Toison d’Or. Les Tombeaux germains. La Loi salique. Le Quinquina. Le Saint-Suaire. La Sainte Ampoule. Les Lys de France. L’Origine des CapĂ©tiens et enfin Le Tombeau de ChildĂ©ric .

Cette dernière Ă©tude, commencĂ©e en novembre 1653 et terminĂ©e en 1655, constituait un volume in-4° de 376 pages, ornĂ© de 27 planches et de gravures sur cuivre. Voici son titre exact. Anastasis Childerici I, Francorum regis, sive thesaurus sepulchralis, Tornaci Nerviorum effusus et commentario illustratus, auctore Jean-no-Jacobo Chiffletio, equite, regio archiatrorum comite, et archiducali medico primario. Antverpiae, ex officina Plantiniana Balthasaria Moreli, M.DC.LV .


Reproduction de l’anneau sigillaire de ChildĂ©ric dĂ©couvert en 1653

En 1656, LĂ©opold-Guillaume quitta les Pays-Bas pour aller se reposer Ă  Vienne, emportant avec lui le trĂ©sor sĂ©pulcral de ChildĂ©ric. Il mourut le 19 novembre 1662, et son neveu, LĂ©opold I er. empereur d’Allemagne, hĂ©rita de sa collection.

Le trésor mérovingien en France
Or il se trouva que Louis XIV rendit service Ă  l’empereur en lui envoyant un corps d’armĂ©e pour l’aider Ă  repousser les Turcs en Hongrie (1664). Jean-Philippe de Schönborn, archevĂŞque de Mayence et prince Ă©lecteur du Saint-Empire, conseilla Ă  LĂ©opold de payer sa dette de reconnaissance au grand Roi, en lui faisant prĂ©sent du tombeau de ChildĂ©ric. Ce don du plus ancien monument de la monarchie française ne pouvait qu’ĂŞtre agrĂ©able Ă  Louis XIV, qui le reçut au château de Saint-Germain, le 2 juillet 1665, et, après l’avoir admirĂ©, le confia au Cabinet des MĂ©dailles installĂ© au Louvre.

Mais le trĂ©sor mĂ©rovingien allait connaĂ®tre une aventure singulière. Tout d’abord, le Cabinet des MĂ©dailles ayant Ă©tĂ© transfĂ©rĂ© Ă  la Bibliothèque royale, les reliques de ChildĂ©ric demeurèrent dans ses vitrines, Ă  travers la RĂ©volution, le premier Empire et la Restauration, quand, subitement, la plupart d’entre elles disparurent.

Dans la nuit du 5 au 6 novembre 1831, en effet, des voleurs s’introduisirent dans le Cabinet des MĂ©dailles. Ils y dĂ©robèrent maints objets prĂ©cieux en or, parmi lesquels se trouvait le trĂ©sor de ChildĂ©ric. Ils commencèrent de fondre leur butin ; mais, sur le point d’ĂŞtre dĂ©couverts par la police, ils ne songèrent plus qu’Ă  se dĂ©barrasser des objets qui leur restaient et qui, saisis entre leurs mains, auraient Ă©tĂ© des pièces Ă  conviction trop compromettantes. et ils ne trouvèrent rien de mieux que de les jeter dans la Seine !

Grâce Ă  la cloche Ă  plongeur, on put en repĂŞcher, au pont de la Tournelle, la majeure partie ; et c’est tout ce qui nous reste du tombeau de ChildĂ©ric. Ce n’est malheureusement qu’une très faible portion du trĂ©sor exhumĂ© Ă  Tournai ; mais ces rares souvenirs qui nous ont Ă©tĂ© conservĂ©s prĂ©sentent une valeur inestimable. Nous allons les passer rapidement en revue.

Armes et bijoux
L’épĂ©e de ChildĂ©ric fut vue entière le jour de la dĂ©couverte ; mais la lame en fer, entièrement oxydĂ©e, tomba en poussière dès qu’on la toucha. Son fourreau, en bois recouvert de cuir, s’Ă©tait consumĂ© dans la terre. Il ne nous reste de cette arme que les parties Ă  peu près inaltĂ©rables, parce qu’elles Ă©taient en or.

La poignĂ©e, qui mesure 85 millimètres de longueur sur 35 millimètres de diamètre, n’est pas exactement cylindrique, mais un peu aplatie ; son armature, en fer et en bois, avait Ă©tĂ© restaurĂ©e par les soins de Jacques Chiflet ; les lames d’or qui la recouvrent sont des pièces authentiques ; elles sont divisĂ©es par trois nervures horizontales en quatre compartiments dont le diamètre va en diminuant Ă  mesure qu’on s’Ă©loigne de la pointe de l’arme.

Le pommeau a Ă©tĂ© perdu. La garde, la chape qui ornait le fourreau, l’anneau qui l’entourait au centre, la garniture de son extrĂ©mitĂ© sont en cloisonnage d’or sertissant des verres rouges translucides, et cet ensemble ornemental est d’une très grande richesse.

La francisque et le fer de la lance ont Ă©tĂ© vivement attaquĂ©s par la rouille ; le manche en bois de ces deux armes a Ă©tĂ© dĂ©truit par l’humiditĂ© du sol.

On trouva, dans la fosse de Tournai, un globe de cristal d’un pouce et demi de diamètre. Bien des hypothèses ont Ă©tĂ© Ă©mises sur sa destination. Les prĂ©occupations mĂ©dicales de Jacques Chiflet l’avaient conduit Ă  penser que le roi devait tenir cette boule dans sa main pour se rafraĂ®chir, quand il avait la fièvre. Ribault y voit plutĂ´t un symbole de la puissance royale, quelque chose d’analogue au globe que les artistes placent dans la main de Dieu ou dans celle de l’empereur. L’hypothèse la plus vraisemblable est celle de Montfaucon et de l’abbĂ© Cochet, pour qui cette boule de cristal devait ĂŞtre enchâssĂ©e dans une monture de mĂ©tal et suspendue, soit au cou du roi, soit Ă  l’extrĂ©mitĂ© d’une fibule.

Des nombreuses boucles recueillies dans la fosse de ChildĂ©ric, il ne nous reste qu’un anneau d’or pur et massif qui devait ĂŞtre la boucle du ceinturon du roi. Chiflet avait fait dessiner son ardillon qui est maintenant perdu ; mais il nous reste l’ardillon d’une petite boucle ; le petit et le grand Ă©taient incrustĂ©s de verroteries, ornementation qui semble tout Ă  fait particulière.


Abeilles d’or de ChildĂ©ric I er

Chiflet rapporte avoir vu Ă  Tournai une telle quantitĂ© d’abeilles d’or qu’on ne put en apprĂ©cier le nombre ; il estime que le chiffre devait dĂ©passer 300. Il nous en reste deux. ces ornements ont, en effet, la forme gĂ©nĂ©rale d’une abeille, avec la tĂŞte et le corselet nettement dessinĂ©s, et deux ailes incrustĂ©es de verre rouge. Une attache ventrale semble avoir Ă©tĂ© placĂ©e pour les fixer Ă  une Ă©toffe qui, dans l’occasion, Ă©tait le manteau de ChildĂ©ric. Le corps du roi avait Ă©tĂ© revĂŞtu de son manteau de cĂ©rĂ©monie, en soie de couleur pourpre, brochĂ©e d’or et parsemĂ©e d’abeilles du mĂŞme mĂ©tal. NapolĂ©on I er reprit cette idĂ©e pour son compte, et, rĂ©pudiant les lys des Bourbons, il replaça sur le manteau du sacre les abeilles de ChildĂ©ric.

Il y avait, dans le tombeau du roi mĂ©rovingien, autant de pièces de monnaie que d’abeilles. plus de 100 pièces d’or et 200 d’argent. Les pièces d’or portaient les effigies de neuf empereurs d’Orient et d’Occident, tous contemporains de ChildĂ©ric ; le dernier reprĂ©sentĂ© Ă©tait Zenon (c’est au cours de la septième annĂ©e du règne de cet empereur que mourut ChildĂ©ric). Les pièces d’argent ont toutes disparu ; il nous reste deux pièces d’or de LĂ©on, empereur d’Orient.

Le portrait de Childéric
Une des pièces les plus importantes du tombeau de ChildĂ©ric est l’anneau sigillaire du roi. Nous ne possĂ©dons pas le vĂ©ritable anneau qui Ă©tĂ© volĂ© en 1831, et qu’on n’a pas retrouvĂ© au pont de la Tournelle. Celui qu’on prĂ©sente aujourd’hui est une reconstitution galvanoplastique qui a Ă©tĂ© donnĂ©e par PeignĂ©-Delacour. Il nous reste Ă  dire d’après quels documents cette reconstitution a pu ĂŞtre faite.


Dessin de Dauban, d’après l’empreinte
conservée à la Bibliothèque Sainte-Geneviève de Paris

Le Cabinet des MĂ©dailles possĂ©dait une empreinte sur plâtre du chaton de l’anneau de ChildĂ©ric, qui avait Ă©tĂ© prise par Muret, entre les annĂ©es 1829 et 1831 ; mais ce moulage Ă©tait entièrement dĂ©fectueux. Heureusement, en 1857, Dauban, alors employĂ© au Cabinet des MĂ©dailles, dĂ©couvrit, Ă  la Bibliothèque Sainte-Geneviève, une empreinte sur cire, parfaitement conservĂ©e, de l’anneau sigillaire perdu. Cette empreinte se trouve appliquĂ©e sur la marge de la page 118 d’une Histoire (manuscrite) de sainte Geneviève et de son Ă©glise apostolique Ă  Paris. Ă©crite par le Père F.-C. du Molinet, chanoine et bibliothĂ©caire de l’abbaye Sainte-Geneviève-du-Mont, entre les annĂ©es 1670 et 1687.

Parlant du père de Clovis, l’auteur Ă©crivait. « Il est appelĂ© ordinairement Cildericus, et mesme ce nom se void gravĂ© Ă  l’entour de sa figure qui est son anneau d’or gardĂ© au Cabinet du Roy, qui fut trouvĂ© dans son sĂ©pulchre Ă  Tournay, l’an mil six cent cinquante-trois, dont voici l’empreinte. » En regard de cette note, dans la marge, on voit, en effet, l’empreinte du cachet de ChildĂ©ric prise avec de la cire rouge sur un morceau de papier qui a Ă©tĂ© ensuite fixĂ© Ă  la page du manuscrit. C’est d’après cette excellente empreinte, et d’après le dessin de Jacques Chiflet dont elle dĂ©montre l’exactitude, qu’a Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©e la reconstitution de la Bibliothèque Nationale.

L’anneau de ChildĂ©ric Ă©tait en or massif très dur. Sa tige, ronde extĂ©rieurement, plate intĂ©rieurement, mesure 13 millimètres de largeur. L’ouverture est de 27 millimètres. ChildĂ©ric avait donc de gros doigts. Le chaton ovale mesure 23,5 mm de haut sur 17,5 mm de large. Il porte l’effigie royale, prĂ©sentĂ©e de face. Le visage est imberbe. Une longue chevelure, sĂ©parĂ©e par une raie au milieu du front, retombe sur les Ă©paules. Le buste est drapĂ© dans une tunique romaine. La main droite tient une lance appuyĂ©e sur l’Ă©paule droite. En somme, c’est une effigie semblable Ă  celle des empereurs romains. Autour de la tĂŞte est gravĂ©e la lĂ©gende. CHILDERICI REGIS (ChildĂ©ric roi ).

Après cette brève revue, nous sommes en droit de nous demander. « Et ChildĂ©ric. N’Ă©tait-il rien restĂ© de lui-mĂŞme sous le manteau semĂ© d’abeilles d’or. » Tous ceux qui Ă©taient au bord de la fosse de Tournai, en 1653, ont pu voir le squelette entier du roi mĂ©rovingien ; on le mesura et on lui trouva une longueur de cinq pieds et demi. Mais ce fut tout. On n’accorda pas plus d’attention Ă  ses ossements qu’Ă  ceux de son cheval, et, si l’on conserva les armes prĂ©cieuses et les bijoux Ă©clatants, on se borna Ă  restituer Ă  la terre une dĂ©pouille que les assistants trouvèrent sans valeur.

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