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Poltergay streaming regarder en ligne QHD

  • Poltergay
  • France
  • -
  • 2006
  • Réalisation. Éric Lavaine
  • Scénario. Héctor Cabello Reyes, Éric Lavaine
  • Image. Vincent Mathias
  • Montage. Vincent Zuffranieri
  • Musique. Moto & The Supermen Lovers
  • Producteur(s). François Cornuau, Vincent Roget, Fabio Conversi
  • Interprétation. Clovis Cornillac (Marc), Julie Depardieu (Emma), Lionel Abelanski (Salopette), Gilles Gaston-Dreyfus (Bertrand), Jean-Michel Lahmi (Gilles), Philippe Duquesne (Michel), Georges Gay (Ivan).
  • Date de sortie. 25 octobre 2006
  • Durée. 1h33
  • voir la bande annonce

SOS fantômes, par Carole Wrona

Éric Lavaine est un scénariste attitré de la famille Canal+ pour qui il a écrit des sketchs chez les « Guignols de l’info », les « Robins des bois », « H », etc. C’est donc un familier des mots et des bons mots, des écarts qui font mouche, des réparties truculentes et Poltergay suit avec allégresse la voix de son maître. Des dialogues bien piquants agrémentent des situations loufoques et voilà une bonne nouvelle pour un premier film. Cependant, il pourrait être intéressant aussi de s’interroger sur la place du filmique dans un long métrage qui l’oublie un peu, sur ce fantôme cinéma qui hante Poltergay sans vouloir se révéler.

13 avril 1979. la cave d’une immense demeure sert de boîte de nuit pour des soirées disco gay, mais une explosion provoque la mort de cinq inconditionnels de Boney M. Salopette, Gilles, Bertrand, Ivan et Michel sont alors condamnés à se trémousser éternellement sur des hits Seventies, vêtus à la croisée des looks, entre Claude François, Joe Dassin et David Bowie. 2006. Emma et Marc tendrement s’aiment et prennent possession des lieux. Leur métier déjà les oblige à fouiller, détruire un habitat et réveiller les fantômes – Emma est archéologue et se plaît au milieu des ruines de Pompéi, Marc est chef de chantier – et cette brutale arrivée des « poltergay » va donc bouleverser leur mode de fonctionnement. Très rapidement, le club des cinq vient hanter les fantasmes de Marc qui finit par se croire homosexuel à force de voir des hommes en tenue électrique et paillettes dorées. Il perd tour à tour la raison, Emma et son travail.

Gay or not gay. là justement n’est pas la question. Éric Lavaine a le mérite d’éviter les leçons de genre et de sexe. Marc, par exemple, pourrait être gay, après tout, mais en y pensant, cela le gêne quand même un peu car il aime Emma. La frontière en 2006 est donc ténue qui sépare les homos des hétéros. Marc ne se pense pas homo mais puisque tout se monte contre lui, il décide d’aller au devant de l’homosexualité en parcourant des lieux (boîte de nuit) qui ne peuvent fondamentalement lui donner satisfaction. Il finit donc par se poser des questions sur son entourage et veut croire à son tour que les autres peuvent l’être aussi. L’intérêt pour le réalisateur est de bousculer les points de repère, de faire vaciller cette frontière mobile. Pourtant – la fin du film l’explicite – la frontière est plus solide qu’il n’y paraît.

Sur une trame narrative cocasse se greffent ainsi des situations comiques qui travaillent cependant davantage le dialogue que la mise en scène. Basé avant tout aussi sur la prestation des comédiens, Poltergay finit par devenir une bonne comédie de boulevard. C’est dire qu’à la suite de premiers films sortis cette année, exception du OSS 117 . la comédie française a laissé de côté les leçons magistrales par exemple d’un Yves Robert, le cinéaste de référence d’Éric Lavaine. Le comique ne naît pas simplement d’un bon mot ni de situations rocambolesques, encore faut-il travailler leur apport cinématographique et jouer sur les plans, les mouvements de caméra. Alors oui, Éric Lavaine se souvient qu’il est de bon ton au cinéma de faire chuter son héros, cela fait toujours rire, ou de le faire dégringoler d’un étage, bref d’utiliser deux ou trois ressorts burlesques pour penser le corps comique au cinéma. La chance de Lavaine est d’avoir réussi à capter un acteur exceptionnel, Clovis Cornillac, à qui il donne quelques références savoureuses (le tee-shirt mouillé à la Brando par exemple ou joliment, les hésitations de Christian chez Edmond Rostand qui répète à Roxane les mots d’un Cyrano caché). Mais ensuite, il omet les possibilités cinématographiques de tous ses autres personnages. Julie Depardieu, Lionel Abelanski, Michel Duchaussoy sont coincés dans un cadre qui n’est nullement travaillé pour le grand écran. Leurs actions sont toujours mises sous le nez de la caméra, mises directement en concurrence avec les bons mots, comme cela est souvent le cas dans un film de télévision. Les trouvailles scénaristiques, celle qui fait insister un des « poltergay » à mettre un 45 tours sur un lecteur CD par exemple, sont toujours commentées. Le réalisateur va alors cadrer un plan rapproché du lecteur CD. Le comique doit être bien vu. L’image est à-plat et l’écran sans relief. Le cadre n’est jamais exploité, le lieu, cette vieille demeure, jamais hanté (sauf lors d’une scène, celle avec les boules de billard, tendrement comique). De même, les miaulements du chat qui augurent d’un hors-champ sonore délectable s’épuisent rapidement. Éric Lavaine a manifestement oublié ce petit personnage en cours de route. Il commence alors son film par la mise en place caricaturale (points de vue mouvants, amorces inquiétantes) d’un genre, le film d’horreur, et n’arrive pas à convaincre avec cette parodie. La parodie, si usée par les auteurs de Canal+ et qui a piégé le cinéma comique français depuis plus de dix ans, ne renouvelle plus le genre comédie, il l’épuise. Ce qui est fort dommage pour un film de cinéma, au vu de la qualité des dialogues et de la prestation truculente d’un Cornillac.

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